Témoins de l'histoire Porteurs de mémoire
Témoins de l'histoire Porteurs de mémoire
Tous les objets
À propos
?
en

Sarah Engelhard

Un repas de Pessah

Sur la photographie ci-dessous de ce repas de la première nuit de Pessah de 1944, Sarah Engelhard a 12 ans. Elle vient tout juste d’arriver au Canada avec sa famille. La traversée de l’Atlantique s’est faite à bord du célèbre Serpa Pinto. Le voyage s’est poursuivi en train de Philadelphie jusqu’à Montréal. Émerveillement et réconfort entourent ce souvenir. Sarah se souvient également de la seconde nuit qu'ils ont passé dans une famille d'accueil: « On sentait la soupe au poulet, c'était comme à la maison, il y avait des bougies blanches, c'était merveilleux ».

Écouter l'histoire de la photographie

Lire la traduction Fermer la traduction

Le premier repas de Pâques… Je ne sais pas où on nous a emmenés, c’est sûrement au Canada, mais je ne sais pas où on est arrivés. C’est sans doute notre premier soir ici. On est débarqués la première nuit de Pâque 1944 à Philadelphie. Ensuite, on a tous été entassés dans un train et on s’est retrouvés à
Montréal, à la gare Windsor. On arrivait d’un pays chaud, et je portais de petites chaussettes. Les gens
portaient des chaussettes en fil d’Écosse parce que c’était la Pâque et qu’on était en avril. Il faisait froid
— du moins pour nous, pour moi, c’était froid — et il y avait de la neige. C’était la première fois que je
voyais autant de neige. Et il y avait les escaliers extérieurs. Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi il y
avait des escaliers extérieurs dans ce climat, alors que c’était aussi glissant. C’était incompréhensible.
Parce qu’en Espagne et en France, il pouvait y avoir une cour devant et les escaliers se trouvaient à
l’intérieur, là où on habitait, mais ici, c’était dehors! Et j’ai dit : « Ce n’est pas un endroit amusant. »
Vraiment, j’avais l’impression que tout était sérieux. En Espagne, il y avait de la musique et du soleil,
même si c’était après leur guerre civile, mais ici, la vie allait être sérieuse. Et c’était réellement comme
ça. Enfin, quand on est arrivés ici, on s’est retrouvés chez les Joselevky, sur avenue du Parc, près du
mont Royal. Ça a été un accueil charmant! C’était la deuxième nuit de Pâque. Et la disposition des lieux
était magnifique, ça sentait la soupe au poulet, on était comme à la maison, il y avait des bougies
blanches, c’était merveilleux!

Sarah Engelhard
Next portrait
Sarah Engelhard

Un repas de Pessah