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Mila Mesner

Un passeport pour la liberté

Après la guerre, Mila Mesner et sa famille sont sans papiers à Bucarest (Roumanie). Pour quitter l’Europe, ils se voient dans l’obligation d’aller au consulat polonais afin d’obtenir les documents nécessaires à leur départ. Le hasard fait en sorte que le consul en poste à Bucarest connait les parents de Mila. Il accepte chaleureusement de les aider, elle et sa famille. Sur le passeport ci-dessous qu’il lui remet, il indique connaître personnellement Mila. Ceci lui permet de quitter l’Europe en 1947.

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On a appris qu’à Bucarest, il y avait le JDC (le Joint ou American Jewish Joint Distribution
Committee) et l’ambassade de Pologne. On m’a conseillé d’aller à l’ambassade polonaise pour m’y
rapporter et obtenir des papiers d’identité polonais. Quand je suis arrivée à l’ambassade, j’ai découvert
que l’ambassadeur, ou consul, était autrefois le préfet de notre ville et qu’il connaissait mes parents. Il
ne me connaissait pas personnellement, mais il connaissait mes parents. Il m’a accueillie très
chaleureusement, il m’a fait entrer dans son bureau privé et il a attesté mon nom, ma date de naissance
et a fait écrire sur mon passeport que mon identité avait été confirmée par le były starosta [ex-préfet],
le starosta étant le préfet de la ville. Du district, en fait, pas seulement de la ville, mais du district. Il
m’avait reçue très cordialement, mais il ne souhaitait pas tellement savoir comment j’avais réussi à
m’enfuir, mais ce qu’il était advenu des objets qu’il possédait. Il avait de très beaux meubles dans notre
ville et voulait savoir ce qu’il en était advenu. Ça, je m’en souviens…
Comment vous êtes-vous rendue de votre ville jusqu’en Roumanie?
Les gens pouvaient se faire rapatrier dans leur pays d’origine — parce qu’ils avaient été déportés. Le
père de mon beau-frère était d’origine roumaine. Il a déclaré qu’il était roumain et qu’il voulait rentrer
dans son pays avec sa famille, c’est-à-dire sa femme, sa fille, ma sœur, mon cousin et moi, ainsi que
l’homme qui nous a sauvé la vie. On s’est tous joints à lui en tant que membres de sa famille pour aller
en Roumanie.
On est arrivés à Bucarest le jour précis où la paix a été annoncée. On était assis dans la gare, la gare
ferroviaire, par terre, avec quelques paquets. On ne connaissait pas la langue, on ne savait pas où aller,
on était complètement perdus. À ce moment-là, le Joint existait déjà, mais on l’ignorait. Alors, on était
assis là, on voyait les gens danser dans la rue, mais nous, on pleurait. La guerre était finie, mais on savait
qu’on avait tout perdu.

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