Ted Bolgar
Une précieuse tasse à thé
Avant son départ de l’Allemagne pour le Canada, Ted Bolgar acquiert quelques biens. Puisque l’art européen a, dit-on, de la valeur outre-Atlantique, il choisit le service à thé dont on aperçoit une tasse ci-dessous. À son arrivée, Ted loue une chambre chez une famille très accueillante qui l’aide à s’installer et à trouver un emploi à Montréal. Lorsqu’il quitte la famille pour emménager dans son propre appartement, il décide de leur offrir le service. Au décès du couple, les enfants remettent à Ted le précieux cadeau, souvenir de son expérience d’immigration.
Écouter l'histoire de la tasse à thé
Parlez-moi de ce service à thé.
Quand je suis retourné en Allemagne avec six de mes amis, on s’est retrouvés dans un des meilleurs
camps de personnes déplacées. Je vivais dans un hôtel et on travaillait à la distribution de nourriture. La
nourriture, c’était la chose la plus importante en Allemagne à cette époque. Il y avait un gros manque de
nourriture. Lorsque quelqu’un partait, évidemment, on ne le signalait pas, et on avait beaucoup à
manger. Il nous a fallu deux ans pour pouvoir venir au Canada, en changeant de nom, d’âge et tout le
reste. On se demandait ce qu’il fallait apporter pour aller au Canada. J’ai pris ce service, un vase et une
mallette. On nous a dit que l’art européen était très prisé au Canada et aux États-Unis. Je ne me rappelle
pas exactement pourquoi je l’avais apporté. Ensuite, je le prenais avec moi chaque fois que je me
trouvais une chambre, jusqu’à ce que j’aie une chambre chez une famille très sympathique. Quand mon
ami est rentré du sanatorium, on a décidé d’habiter ensemble. Comme je ne pouvais plus vivre chez
cette famille, je leur ai offert le service. Puis ils ont vieilli et sont partis à Toronto. Dans leur testament,
ils ont écrit que ce service me revenait. Alors, leur fille me l’a redonné.
Combien de temps l’ont-ils gardé?
Presque 10 ans. Je dis toujours que tout est une question de chance. J’ai eu une chambre dans cette
famille et, environ un an plus tard, l’homme m’a dit : « Je pense que votre anglais est assez bon. Il y a un
poste vacant à notre bureau. » J’ai obtenu l’emploi et j’y suis resté jusqu’à ma retraite, 51 ans plus tard.
